|ZOOM SUR…..L AMPHITHEATRE DES 3 GAULES|

amphitheatre gaules

Situé sur les pentes de la Croix-Rousse, oublié de tous, se cache un bâtiment jadis important: l'amphithéâtre des 3 Gaules! Zoom sur ce bel oublié...

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Commençons par quelques repères

Où se trouve l’amphithéâtre des 3 Gaules?

Sur les pentes de la Croix-Rousse, dans le 1er arrondissement de Lyon. Pour vous y rendre, n’hésitez pas à emprunter le métro C jusqu’au boulevard de la Croix Rousse sur l’emplacement de l’un des anciens funiculaires de la Croix Rousse. Puis redescendez tranquillement les pentes jusqu’à la rue des Tables Claudiennes.

amphithéâtre gaules

C’est quoi un amphithéâtre?

Les amphithéâtres sont apparus au cours du Ier siècle avant notre ère. De forme ovale, ce sont des lieux essentiellement dédiés aux loisirs des peuples de l’Empire romain.  Ils pouvaient y assister aux célèbres combats de gladiateurs, à des chasses et parfois même à des combats navals. Le plus célèbre des amphithéâtres reste le Colisée de Rome, construit par l’empereur Vespasien.

Pourquoi celui de Lyon s’appelle « des 3 Gaules »?

À Lugdunum (nom de Lyon à l’époque antique), la population se rendait à l’amphithéâtre pour assister aux jeux, souvent offerts par les édiles. Mais l’amphithéâtre avait aussi une toute autre fonction: chaque été, il accueillait les représentants du conseil des Gaules. Surplombant le bourg gaulois de Condate, l’amphithéâtre symbolise ainsi l’allégeance des tribus gauloises envers Rome.

La Construction de l’Amphithéâtre des 3 Gaules

L’amphithéâtre des Trois Gaules faisait partie d’un ensemble bien plus vaste, nommé « le sanctuaire fédéral des Trois Gaules » qui occupait une bonne partie des pentes de la Croix-Rousse comme vous pouvez le constater sur la reconstitution de Jean-Claude Golvin ci-dessous.

Il nous faut remonter le temps pour prendre conscience de l’ampleur de ce bâtiment dont bien peu de vestiges sont en élévation aujourd’hui. Nous sommes au Ier siècle de notre ère. La colline s’ouvre devant vos yeux. Au pied de la colline, se trouve le confluent du Rhône et de la Saône. Un bourg se développe là: Condate, avec son port. Au-dessus du bourg, la colline est occupée par deux bâtiments immenses: côté Rhône, se trouve le sanctuaire fédéral des 3 Gaules, côté Saône se trouve l’amphithéâtre. Il est immense. Il est haut, très haut. En arrivant par le sud, il devait littéralement sauter aux yeux de tous les arrivants. Il symbolise donc d’une manière extraordinairement symbolique et écrasante, la puissance romaine.

Pour vous aider à visualiser, les gradins s’élevaient aussi haut que le sommet de l’ancienne école des beaux-arts.

lyon condate lugdunum
Restitution par Jean-Claude Golvin

Cet amphithéâtre, dont aujourd’hui il ne reste que des ruines, a été construit en 2 phases.

Le premier amphithéâtre – an 19

Construit grâce à Caïus Julius Rufus

C’est vers 19 de notre ère que ce premier amphithéâtre fut élevé, ce qui en fait le plus ancien des Gaules. L’un des éléments principaux permettant aujourd’hui de l’affirmer est la découverte, en 1958, d’une inscription dédicatoire sur le site. Vous pouvez la voir ci-dessous.

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Ce texte nous apprend que Tibère César Auguste et le sacerdos (grand prêtre de Rome et d’Auguste) Caius Julius Rufus, originaire de Saintes, ont fait construire à leurs frais un amphithéâtre avec son podium.

Présentation physique

Installé sur la colline, à mi-pente, l’amphithéâtre bénéficie d’une visibilité certaine, notamment depuis la colline de Fourvière, centre de la vie de Lugdunum.

Dans cette première version, l’amphithéâtre pouvait accueillir 2.000 spectateurs. Son arène, ovale, était de petites dimensions: 67m par 42m. Il disposait également d’une tribune et de petits gradins sur lesquels les représentants des Gaules pouvaient installer leurs fauteuils.

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Source: les Rues de Lyon n°57

L’agrandissement de l’amphithéâtre – II° siècle

C’est vraisemblablement au II° siècle, sous l’empereur Hadrien, que l’amphithéâtre connut une campagne d’agrandissement afin de pouvoir accueillir une population toujours grandissante. Cet agrandissement est porté à l’actif de Caius Julius Celsus, procurateur de Lyonnaise et d’Aquitaine.

Dans ce second état, fort de deux nouvelles galeries, l’amphithéâtre pouvait recevoir plus de 20.000 personnes. Il devient alors le plus grand amphithéâtre de Gaule mesurant 143m sur 117m! Le podium massif d’origine fut entouré d’une couronne composée de murs rayonnants et de voûtes, supportant des gradins d’une pente beaucoup plus accentuée que ceux du premier état.

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Source: les Rues de Lyon n°57

Le martyr des Chrétiens dans l’amphithéâtre

Parmi les événements marquants qui se déroulèrent dans cet amphithéâtre, le martyr des Chrétiens de 177 tient une bonne place. Au printemps de cette année-là, la minorité chrétienne lyonnaise commence à être inquiétée. Brutalisés par la population, certains de ses membres comparaissent, en effet, devant les autorités municipales et provinciales. Puis le gouverneur ordonne des arrestations.

Toutefois le gouverneur sollicite l’avis impérial. Celui-ci stipule de libérer ceux qui se rétracteraient et d’exécuter les obstinés. Le gouverneur procéda donc à de nouveaux interrogatoires. Puis, il condamna les chrétiens à des peines diverses en fonction de leur statut : décapitation pour les citoyens, envoi aux bêtes pour les autres (dont le diacre de Vienne, Sanctus). Pothin, chef de la communauté et premier évêque de Lyon, meurt des violences subies.

Ceux envoyés aux bêtes furent suppliciés dans l’amphithéâtre des Trois Gaules au moment de la réunion annuelle des représentants des Gaules, début août. Parmi eux, se trouvent le jeune Pontique et l’esclave Blandine, qui fit face à la mort avec obstination. Son martyr est épique: livrée aux bêtes qui refusèrent de la toucher, torturée, flagellée, placée sur un grill brûlant, livrée dans un filet à un taureau, elle fut finalement achevée par un soldat.

Selon Grégoire de Tours, la flambée de violence fit, au total, 48 martyrs, parmi lesquels 22 furent décapités, 19 morts en détention et 6 suppliciés dans l’arène. Pour autant, cette persécution ne mit pas un terme à la présence des chrétiens à Lyon.

Ces faits sont aussi relatés dans un texte célèbre – la lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie.

Le déclin de l’amphithéâtre des 3 Gaules

Pendant deux siècles, la colline de la Croix-Rousse, au travers de l’amphithéâtre et du sanctuaire fédéral des Trois Gaules,  joue donc un rôle de premier plan. Mais elle va, petit à petit perdre de l’importance. Ce déclin résulte de plusieurs facteurs. Notamment des diverses épreuves subies par Lyon dès la fin du IIe siècle : pillages et incendies par les armées de Septime Sévère (197), puis par les barbares Alamans (274 et 280) et autres envahisseurs déferlant sur la région jusque au V° siècle.

Le site est donc inutilisé depuis la fin du IIIème  siècle. Peu à peu, il se couvre de vignes et de jardins. Au Moyen-âge, l’amphithéâtre disparait progressivement, servant de carrière pour la construction des nouveaux monuments, notamment au XIVème siècle pour la construction de plusieurs monastères sur les pentes.

Ainsi, l’amphithéâtre tombe dans l’oubli et la trace des vestiges romains, splendeur d’antan, disparait.

La Redécouverte de l’Amphithéâtre

Des vestiges mis au jour pour le Jardin des plantes

A la fin du XVIIIe siècle, l’amphithéâtre avait donc totalement disparu en surface. Le terrain avait été complètement remblayé sur plusieurs mètres afin d’implanter le Jardin Botanique (actuellement au Parc de la Tête d’Or). Des assises de piliers apparaissent pourtant. François Artaud, dessinateur et archéologue, demande alors l’autorisation de réaliser des fouilles.

Ces premières fouilles auront lieu  entre 1818 et 1820. Elles révèlent le pourtour de l’arène. Artaud découvre aussi des plaques de calcaire gravées aux initiales des tribus gauloises, ainsi qu’un canal de ruissellement d’un mètre de profondeur, bordant l’arène. Il en conclue donc que l’amphithéâtre pouvait être une naumachie (amphithéâtre pouvant devenir un bassin pour les spectacles de combats navals), ce qui aujourd’hui est démenti.

Mais le financement venant à manquer, tout est arrêté et recouvert en 1820.

Le XIX° – les destructions continuent

Deux réservoirs, creusés sur le site par la Compagnie des Eaux en 1834 et en 1854, marquent le début des destructions modernes. Puis en 1857-1858, le prolongement de la rue Burdeau amène à raser les vestiges de la partie méridionale du monument. Ensuite, en 1859, commence la construction de la gare du funiculaire, dont la tranchée-tunnel, creusée en 1860, détruit les fondations de la partie orientale de l’édifice.

A cette époque là, les travaux sont suivis par l’archéologue Martin-Daussigny et l’architecte Chenavard qui réalisent le plus précisément possible des dessins et des croquis de tous les éléments antiques avant construction des infrastructures modernes.

1953 – Relance des fouilles

En 1953, lors des travaux de terrassement de l’École nationale des Beaux Arts, des murs gallo-romains apparaissent. Cette découverte relance donc les fouilles en 1956. Les archéologues Amable Audin et Julien Guey avec l’appui de Louis Pradel, maire de Lyon, sont en charge du chantier et font connaitre l’histoire antique du site à tous les Lyonnais.

À la suite de la découverte de la plaque dédicatoire (voir plus haut), on autorise Audin à continuer de mettre à jour l’amphithéâtre. Le réservoir d’eau de 1854 est détruit. Le dégagement des vestiges fut aussi complet que possible dans un périmètre limité au Nord par la rue des Tables Claudiennes, au Sud par la rue L. Sportisse et à l’Est par la tranchée du chemin de fer de la Croix-Rousse.

Mais en ce qui concerne la restauration, Audin a sans doute été un peu trop expéditif : il a remplacé le mortier ancien et friable par une couche de béton. Il a ajouté un moulage de quelques blocs de gradins et d’une partie du mur qui entourait l’arène afin que les visiteurs puissent s’imaginer les lieux. Cependant, aujourd’hui, aucune étude architecturale n’est plus possible sous cette chape de béton.

Les fouilles ont cessé depuis la fin des années 1970. En 2020, la campagne pour les élections municipales a permis de mettre en avant plusieurs idées, plus ou moins réalistes, pour redorer la mémoire de cet héritage endormi. Le plus vieil amphithéâtre de la Gaule devra pourtant encore patienter. Les vestiges n’ont pas fini de dévoilé tous leurs secrets…

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