Majestueux, massif mais hors cadre chronologique dans le Vieux Lyon. Qui est donc le palais des 24 colonnes? ZOOM SUR cet ovni du Vieux Lyon…

Venez enquêter autour du Palais des 24 Colonnes au coeur du Vieux Lyon en famille, entre ami.e.s pour un EVJF/EVG ou entre collègues pour un team building au cours de notre game of code En Quête du Diamant Perdu de Nicolas Flamel, ou de notre murder party le Meurtre de soeur Pothin.

A la découverte du Palais des 24 Colonnes

Pour partir à la découverte du palais des 24 colonnes, commencez par vous rendre devant la cathédrale Saint-Jean. Là, prenez au nord de la cathédrale. Plongez dans le quartier Saint-Jean. Vous arrivez alors au jardin archéologique. Vous êtes rue Mandelot. Continuez la rue. Vous passez devant le baptistère et la seule arche encore debout des anciennes églises. Puis, vous arrivez rue de la Bombarde. Prenez ensuite la direction Est, vers la Saône. Vous arrivez alors sur une esplanade. Tournez vous. Vous êtes arrivés!

Et si les indications écrites ne sont pas votre fort, vous pouvez observer le plan ci-contre.

Un palais de justice très ancien

La justice ecclésiastique 

Commençons par plonger dans l’histoire. Le palais de justice que vous pouvez admirer aujourd’hui date du XIX° siècle. Pourtant on rend la justice à cet emplacement depuis, a minima, le XIII° siècle. La justice était alors rendue par les archevêques qui géraient la cathédrale. Ils avaient alors tout pouvoir sur Lyon. Le site se trouvait ainsi à la limite du Grand Cloître et permettait donc de faire le lien entre le monde temporel et le monde spirituel.

Le palais de justice était alors appelé « palais de Roanne ». Il doit son nom à deux chanoines qui furent propriétaires de la maison avant qu’elle ne soit palais de justice. Toute d’abord Héraclius de Roanne, chanoine de 1173 à 1209, puis son neveu Guillaume de Roanne.

La justice royale

Petit à petit, le pouvoir royal va s’emparer du site. Et il va y installer diverses administrations. Ainsi au XIV° siècle, le palais de Roanne abrite le siège du notaire royal, des sergents royaux, du maître des ports, du prévôt des monnaies, du juge des Juifs. En 1376, on y installe également des prisons et le tribunal royal. En 1420, le palais de Roanne s’enrichit encore d’un atelier monétaire. Au XVI° siècle, le Palais de Roanne est jugé d’aspect féodal et effectivement si nous regardons le plan scénographique de Lyon en 1550, c’est bien le cas. Nous vous en montrons deux extraits ci-dessous.

Mais en 1622, le palais de Roanne subit un grave incendie. Pourtant faute de lieu plus approprié, on continue de rendre la justice dans ce qu’il reste du bâtiment. Mais la situation ne peut pas durer. En effet, à la fin du XVIIII° siècle, le palais de Roanne tombe littéralement en ruine.

Le Palais de justice actuel

Il était donc plus que temps de détruite ce qu’il restait du palais de Roanne pour édifier un nouveau palais de justice. Ce sera chose faite entre 1835 et 1847. Et c’est Louis-Pierre Baltard (09/07/1764 à Paris – 22/01/1846 à Paris, âge 82 ans) qui en est l’architecte. On lui doit également la prison Saint-Joseph à Perrache.

Pourquoi un nouveau palais de justice?

Concours et lancement du chantier

Louis-Pierre Baltard, 1829. Inv. 42.513 © musées Gadagne.

En 1831, on envisage même un temps de déplacer le palais de justice place Carnot. Heureusement, le principe d’une reconstruction in situ est finalement retenu et Baltard est chargé du projet. Ainsi, les plans et devis sont définitivement approuvés par décision ministérielle le 23 février 1831. 

Une monumentalité au service de la fonction

Néoclassicisme et inspiration

Le projet de Baltard entre dans le néoclassicisme régnant. On imite l’Antiquité. En cela, Baltard s’inscrit dans la droite lignée de ce qui se fait alors en France. En effet, neuf des Palais de Justice qui sont alors en cours de construction sont bâtis selon le modèle d’un temple antique. Mais pourquoi me direz vous? Et bien dans le souci «d’asseoir la dignité de la fonction sur les modèles jugés idéaux des vertus de l’Antiquité». Pourtant l’Antiquité n’est pas la seule source d’inspiration de Baltard. En effet, il s’est aussi inspiré du  palais Brongniart qui se trouve dans le 2e arrondissement de Paris.

Solennité et majesté

85 mètres de longueur, 24 mètres de hauteur, 11 000 m². Il est évident que Louis-Pierre Baltard offre à Lyon une construction majestueuse, solennelle, et d’une homogénéité remarquable en phase avec les constructions de l’époque. D’ailleurs, le palais des 24 colonnes est l’oeuvre majeure de Baltard. De plus, le palais de justice reflète aussi les valeurs d’ordre, de fermeté et d’équité dont il est le garant. 

En effet, Baltard est totalement parfaitement en phase avec son époque, dont il partage le goût pour les compositions solennelles. Il estime que la Justice doit être rendue dans un espace majestueux et intimidant. Ainsi, son architecture se veut une allégorie des vertus morales de la civilisation romaine et de sa culture juridique. Il entend soutenir l’ambition réformatrice de la monarchie de Juillet et inscrire dans le paysage urbain sa légitimité.

L’art total

Elle reflète également son concept d’art total. Qu’est-ce que cela?  Et bien, voyez vous, Baltard estimait que le bâtiment, le décor et le mobilier ne formaient qu’un. Il fallait donc les réfléchir ensemble et les réaliser de manière homogène. Dans cette optique, Baltard dessine lui-même la décoration et les quelque huit cents pièces du mobilier. 

Observons le Palais des 24 colonnes

Maintenant que nous vous avons raconté son histoire, observons le bâtiment de plus près. Déjà ses matériaux. Le palais des 24 colonnes est construit en pierre de taille qui proviennent de plusieurs carrières: Villebois, Tournus, Crussol et Cruas.

Pourquoi 24 Colonnes?

Le palais des 24 colonnes… La question arrive toujours: pourquoi 24 colonnes? L’une des légendes les plus tenaces tient dans l’idée que la justice ne dort jamais, elle fonctionne 24 heures sur 24. Mais c’est là une belle légende. Dans les faits, le projet a changé régulièrement le nombre des colonnes.

Dans les premiers plans qu’il dessina, Baltard propose un péristyle (colonnade entourant une cour intérieure ou disposée autour d’un édifice) classique à 6 colonnes, surmonté d’un fronton triangulaire. 6 ???? Oui oui, seulement 6. Ce n’est qu’au fur et à mesure que les dessins se perfectionnent que la silhouette massive s’impose avec une colonnade plus nombreuse.

Ainsi en janvier 1833, dans les plans adoptés par le Conseil des bâtiments civils, le palais comporte 20 colonnes doriques. Vous pouvez le constater sur le plan de Baltard ci-dessous. Notez également la première église qui se tenait sur Fourvière, puisque la basilique n’était pas encore édifiée!

Louis-Pierre Baltard, Elevation et plan du palais de justice. Archives départementales du Rhône

Puis en 1835, lors de la dernière révision des plans, la façade atteint le nombre définitif: à savoir 24 colonnes.

Ce sont donc au total 24 colonnes de type corinthien, irréprochablement identiques qui accueille toute personne entrant en ses lieux. Elles mesurent d’ailleurs 12 mètres de hauteur et permettent de marquer les esprits. En outre, la partie centrale de la colonne est cannelée (creusée) et réalisée en pierre de Villebois, tandis que les chapiteaux sont en pierre jaune de Cruas et de Rocheret. Cela apporte d’ailleurs une superbe bichromie à l’ensemble et casse le côté trop « classique ». 

La façade principale

Maintenant que nous avons découvert les fameuses 24 colonnes, venons en à la façade dans son intégralité. Dans l’ensemble, Baltard s’est inspiré d’un temple grec, en prenant la liberté d’installer la colonnade, non sur les côtés, mais sur la façade principale. Cela la rend d’ailleurs bien plus imposante.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, Baltard souhaitait une grande solennité pour son bâtiment. Les colonnes et l’escalier monumental imposent cette solennité. De plus, la façade est linéaire. Les colonnes y sont encastrées entre un haut piédestal (le socle) et l’attique massif qui en font un ensemble original et homogène. Vous pouvez prendre conscience de l’importance de l’attique sur la photo ci-dessus. D’ailleurs, dans cet attique, vous pourrez admirer la frise avec les têtes de lion: 24 lions pour 24 colonnes.

De part et d’autre de l’escalier, se trouvent deux piédestaux qui restent désespérément vides, en attente de leurs statues. Puis quand vous gravissez les marches, l’ensemble sous la colonnade est tout aussi majestueux. Entre le plafond à caisson et les faisceaux de licteurs (les licteurs sont chargés de protéger et d’exécuter les décisions coercitives des magistrats) sur la partie basse, aucun détail n’est laissé au hasard. 

La façade arrière

Redonnons lui donc ses lettres de noblesse. Composition, symétrie, sobriété, décor antiquisant sont au rendez-vous de cette façade. Deux statues surmontées de médaillon apportent son originalité à la façade.

  • La statue de gauche et son médaillon représentent la Force: un homme musclé, appuyé sur un faisceau de licteur, recouvert d’une peau de bâte et accompagné d’un lion.
  • La statue de droite et son médaillon représentent la Justice: une femme dotée d’une épée. Un serpent est à ses pieds. Au-dessus d’elle, dans le médaillon se trouve la balance de la Justice.

Les sculptures ont été réalisées par François Félix Roubaud entre 1857 et 1862. Médaillons et statues sont réalisés dans la pierre jaune de Seyssel. 

La Force
La Justice

Et l’intérieur alors?

Après avoir admiré l’extérieur, vous pourrez pénétrer en ces lieux. Saviez vous d’ailleurs que le hall, appelé salle des Pas Perdus, est accessible à tous? Cette salle des Pas Perdus est un hall immense de 625 m², avec une hauteur sous voûte de 17m. Trois voûtes se succèdent. Deux sont d’ailleurs visibles sur la photo ci-dessous.

Grâce aux coupoles, les murs latéraux sont très hauts, ce qui a permis d’installer des verrières qui laissent entrer la lumière naturelle. De plus, tout un ensemble sculpté décoratif prend place autour des coupoles et dans les frontons au-dessus de la porte d’entrée et au-dessus de la porte de la Cour d’Assises. Par exemple, dans les écoinçons (zone triangulaire aux angles des coupoles), vous pouvez admirer les signes du zodiaque. Sur la photo ci-dessus, vous apercevez notamment en haut à gauche le scorpion.

La Ville de Lyon accueillant les Beaux-Arts, le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture

Au-dessus de la porte d’entrée, l’ensemble est réalisé par le sculpteur Jean-François Legendre-Héral entre 1846/1847. L’œuvre s’intitule « La Ville de Lyon accueillant les Beaux-Arts, le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture ». Elle mesure 9 mètres de longueur pour une hauteur de 4,50 mètres. La Ville de Lyon est au centre, sur un piédestal. Elle est représentée en tenue antique et couronnée. Au pied du piédestal, allongés, se trouvent à gauche la Saône et à droite le Rhône. Ils sont représentés de manière très traditionnelle à Lyon: la Saône est une femme et le Rhône est un homme barbu tenant une rame. Les Beaux Arts sont présents côté Saône. L’un des personnages tient un plan. Sur le côté Rhône, près de la statue du fleuve, se trouve un bœuf et une roue. La femme qui tient le bœuf, tient également des céréales dans l’autre bras. Il s’agit donc là de l’agriculture. 

La Justice punissant le Crime

Face à ce fronton, de l’autre côté de la salle des Pas Perdus, se trouve une sculpture de Guillaume Bonnet, intitulé « la Justice punissant le Crime« . L’œuvre a été réalisée de 1860 à 1862. La Justice est représentée au centre de la composition. Son trône est installé sur un piédestal. Sur les marches du piédestal, se trouvent deux jeunes enfants, dont l’un semble décédé. La Justice trône fièrement. Habillée à l’antique, elle est couronnée. Elle tient les tables de la loi dans sa main gauche et un sceptre dans sa main droite. Proportionnellement elle est aussi bien plus grande que les autres personnages. A sa gauche, les criminels courbent la tête, tandis qu’à sa droite se trouvent les victimes, la veuve et l’orphelin qu’elle protège.

Concernant cette deuxième sculpture, sachez qu’à l’origine Baltard ne l’avait pas imaginé telle qu’elle. Il avait choisi le thème: « La Justice et l’Indulgence ». Sa lettre au préfet du Rhône le 24 avril 1844 mentionne en effet ce thème iconographique : « ce bas-relief purement allégorique présente d’un côté l’Accusation, au milieu la Justice et la Vérité, de l’autre l’Indulgence qui médite appuyée sur le temple de Janus et des têtes à deux faces qui expriment le temps passé et le temps présent. » Mais Baltard décède avant sa réalisation.

Les autres salles

D’autre part, la salle des assises n’ayant pas la capacité d’accueillir de grands procès publics, la salle des pas perdus a parfois été aménagée en salle d’audience. Ce fut notamment le cas pour le procès de Klaus Barbie en 1987. En outre, de part et d’autre de la salle des Pas Perdus, se trouvent six salles d’audiences :

  • au sud : salles Domat, Montesquieu et Pothier. Ce sont les salles de la cour d’appel;
  • au nord : salles Lamoignon, d’Aguesseau et Cujas. Elles étaient réservées au tribunal civil puis au tribunal de grande instance (avant son transfert en 1995 à la Part-Dieu)

En terme de décoration, ces salles font preuve de la même solennité et du même souci d’apparat que les façades : ils sont vastes, ordonnés, intimidants. Les peintures, les plafonds, les sols, les décors des boiseries séparant les juges du coupable et du public, rien n’a été laissé au hasard. Ainsi, c’est par son homogénéité que le Palais aux 24 colonnes est le plus remarquable.

Une armature plus qu’inattendue

Pour terminer, évoquons un élément très peu visible: le toit du palais des 24 colonnes. Une véritable surprise! Au milieu des toits médiévaux et Renaissance, ce sont trois coupoles métalliques qui se détachent donc! Elles correspondent aux trois coupoles de la salle des Pas Perdus! Ces structures métalliques expliquent d’ailleurs la grandeur du hall sans pilier intérieur de soutien. De plus, cette structure métallique ancre parfaitement le palais de justice dans son temps: le temps de la révolution industrielle et de l’architecture de verre et de fer.

Aujourd’hui, le palais des 24 colonnes n’abrite plus que la Cour d’appel et la Cour d’assises, et ce depuis la construction de la nouvelle Cité Judiciaire à la Part-Dieu. Entièrement rénové entre 2009 et 2013, le Palais des 24 colonnes a retrouvé toute sa majesté. 

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