Surnommée la marmite du diable, l'ancienne prison Saint Joseph/Saint Paul est aujourd'hui entrée dans le patrimoine lyonnais. Sa réhabilitation en lieu de savoir - une université - est une réussite à découvrir en team building, en famille ou pour un EVJF/EVG. Récit d'un lieu atypique...
Au cours de nos enquêtes – murder party, game of code, escape game outdoor et speed quest – arpentez Perrache en team building, en famille ou en EVJF/EVG et découvrez les anciennes prisons !
Où se trouvent les prisons ?
Débutons par un petit repérage géographique. Pour découvrir les prisons Saint Joseph/Saint Paul, rendez vous à la gare de Perrache, côté Confluence. Là partez en direction du Rhône. Vous arrivez rapidement devant un bâtiment qui vous bloque le passage et qui mixe architecture contemporaine et architecture en pierre. Vous êtes arrivés!
Enfin, vous êtes sur la face ouest des anciennes prisons, aujourd’hui Université catholique de Lyon. Comme vous pouvez le voir sur le plan, les anciennes prisons forment un vaste ensemble rectangulaire.
La prison, un concept récent
Avant d’aller plus loin sur leur architecture, revenons au concept même de prison. Pour cela remontons dans le temps jusqu’à la fin du XVIII° siècle. Suite à la Révolution française, l’emprisonnement devient en 1791 le système de répression principal en France. Il remplace le supplice (c’est-à-dire la torture) qui tenait jusque-là lieu de forme punitive. La prison est alors conçue comme une forme plus « humaine » de punition, un véritable courant philanthropique qui prend ses sources dans le siècle des Lumières.
Deux systèmes pénitentiaires dominent alors le XIX° siècle :
- le système pennsylvanien prône un isolement rigoureux. Les détenus sont enfermés jour et nuit dans des cellules ;
- le système auburnien s’articule autour de réfectoires et ateliers où les détenus mangent et travaillent en commun, et de cellules individuelles pour la nuit à laquelle peut être imposée la règle du silence.
La Prison Saint-Joseph, conçue par Baltard – 1827/1831
Revenons maintenant à Lyon. Dès 1816, la construction d’une prison est, en effet, envisagée dans le quartier Perrache. Louis-Pierre Baltard, architecte, peintre et graveur, constructeur du palais de justice de Lyon, se voit alors confier le projet.
Architecture de Saint Joseph
Ainsi il conçoit la prison Saint Joseph, sur un plan orthogonal pavillonnaire dit en peigne. Les premiers détenus arrivent dès 1831 tandis que la prison n’est même pas encore achevée.
Prison Saint-Joseph – Elévation antérieure et vue cavalière, 1838 BnF. Va69 T12 hH148209
Comme vous pouvez le voir sur le plan ci-dessus, la prison est composée de 6 pavillons destinés aux quartiers collectifs. Les pierres utilisées sont celles de Préty en Saône-et-Loire et les pierres dorées des Monts d’Or. Les 6 pavillons sont reliés par des portiques (galeries) en pierres massives de « villebois » du Bugey. Conçu dans une architecture néoclassique « parlante », l’ensemble est composé de formes massives destinées à démontrer la force de l’institution, en particulier le pavillon administratif d’entrée et le pavillon central (poste de garde surmonté d’une chapelle octogonale à coupole) en pierre de grand appareil.
Une architecture hygiéniste
D’autre part, avec le siècle des Lumières et les philanthropes, très présents à Lyon, il y a eu tout un courant de pensée pour que la détention puisse servir:
- à amender le détenu,
- en l’isolant des mauvaises influences qui sont celles des codétenus,
- et en le soumettant à la bonne influence du personnel pénitentiaire et de l’instituteur.
Ce sont également les débuts de l’hygiénisme. On essaie donc de faire en sorte que tout soit sain. Et pour ce faire, il faut que l’air et la lumière entrent partout. Louis-Pierre Baltard a ainsi conçu une architecture propre à réaliser ce projet.
Mais très vite, la réalité dépasse la pensée philosophique et hygiéniste. Dès 1836, l’extension de la prison vers l’ouest est donc envisagée. Et en 1839, huit ans après son ouverture, la prison souffre déjà de surpopulation qui fait plier tous les beaux principes. Imaginez: construite pour 200 détenus au plus, elle en renferme alors plus de 350. Elle se trouve encombrée à ce point que les classifications voulues par la loi ne peuvent y être respectées ; à ce point qu’on est contraint de faire coucher les détenus et notamment les femmes dans les couloirs, dans les vestibules, dans les cachots mêmes. En 1840, on compte également 120 enfants au pénitencier.
Agrandir: la prison Saint-Paul par Louvier – 1860/1865
Par conséquent, en 1853, l’architecte du département Antonin Louvier présente donc un projet d’agrandissement de la prison. Celui-ci doit être effectué à l’intérieur de son enceinte, à l’aide du prolongement des quatre bâtiments. Mais au final, c’est une toute nouvelle prison qui prend place à côté de l’ancienne.
Observons à présent son architecture. La prison Saint Paul est organisée sur un plan radial dit système panoptique de 6 bâtiments rayonnant autour d’une rotonde centrale de surveillance surmontée d’une chapelle, comme vous pouvez le voir sur le plan ci-dessous. Elle est construite entièrement en pierres de taille (pierre dorée du Lyonnais et pierre de Villebois).
Le programme est alors conçu pour 550 détenus répartis en 7 quartiers.
Fermeture et réhabilitation des prisons
Malgré la construction de la prison Saint-Paul, la surpopulation continue. Devenues vétustes et surpeuplées, les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul, surnommées « la marmite du diable », ne peuvent plus accueillir dans des conditions tolérables les prisonniers.
Les détenus qui sont passés par ces prisons racontent un quotidien pénible. L’État français a d’ailleurs été condamné à de multiples reprises pour les conditions de détention de Perrache. Sylvain Cormier, avocat pénaliste lyonnais, a décrit dans le détail l’état des bâtiments: étroitesse des lieux, mal chauffés, dont les toilettes trônaient dans un coin des 9m² que se partageaient en général trois détenus, cours de promenades ravagées de détritus, rats, cafards dans les douches, fuites d’eaux et électricité en dehors de toutes normes de sécurité… Un quotidien difficile à la fois pour les détenus mais aussi pour les surveillants.
Un nouveau centre pénitentiaire a été construit à Corbas et, le 1er mai 2009, tous les détenus y ont été transférés. Afin de sauvegarder le patrimoine architectural des lieux, l’État choisit de lancer un appel à projet de réhabilitation. Les anciennes prisons vont alors se métamorphoser en université…
Enquêtez autour des anciennes prisons!
Cette présentation vous a plu? Envie de les découvrir en vrai? Alors en famille, en team building, ou pour un EVJF/EVG, venez participez à notre murder party « le meurtre d’Emilie Perrache », un véritable cluedo grandeur nature!
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