|ZOOM SUR les Monastères de la Croix-Rousse|

monastère croix-rousse

Longtemps la Croix-Rousse fut elle-aussi la colline qui prie de par les nombreux monastères qui occupaient ses pentes. ZOOM SUR ces lieux (presque) entièrement disparus...

Pour découvrir les anciens monastères de la Croix-Rousse participez à une de nos enquêtes – murder party, game of code, escape game outdoor et speed quest –  en team building, en famille ou en EVJF/EVG !

Petit point vocabulaire

Pour débuter ce ZOOM SUR, nous vous proposons un petit point vocabulaire sur lequel vous pourrez vous appuyer pendant la lecture de cet article.

Monastère: mot générique désignant tout type de résidence de membres du clergé en communauté, sous une même règle, loin du monde ou non.

Abbaye: maison-mère où vivent des moines de façon cloîtrée donc loin de la population

Prieuré: le prieuré dépend de l’abbaye. Les moines y sont également cloîtrés.

Couvent: maison dans laquelle vivent en communauté, sous une même règle, des religieux ou des religieuses de confession chrétienne, sans obligation de clôture. Ce sont surtout les maisons des ordres plus pauvres, fondés à partir du XIII° siècle.

Peut-on voir les vestiges de ces monastères?

Oui…et non. Des nombreux monastères qui couvraient les pentes de la Croix-Rousse, vous ne pouvez malheureusement découvrir que très peu de vestiges. Faisons un tour d’horizon des vestiges.

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Les vestiges du Monastère des Capucins

Rendez-vous au 6 rue des Capucins et entrez dans la cour intérieure. Vous êtes à l’emplacement de l’ancien cloître des Capucins visibles à quelques arches.

La Résidence Villemanzy 

Située au 21 montée Saint-Sébastien, la résidence Villemanzy est installée dans les vestiges du monastère des Colinettes. A l’intérieur, vous pourrez découvrir quelques vestiges comme les murs en pierres et la galerie en photo ci-contre.

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L’église des Chartreux

Si vous souhaitez découvrir l’église du monastère des Chartreux, rendez-vous presque sur le plateau de la Croix-Rousse, rue Pierre Dupont. Vous pourrez notamment admirer le magnifique dais.

Pourquoi tant de monastères?

A présent, poursuivons sur l’histoire de ces monastères. Cette histoire commence aux XVIIème et XVIIIème siècles. Les pentes de la Croix-Rousse se couvrent alors de jardins et de monastères.

Deux raisons principales expliquent la multiplication des monastères: 

  • la contre-réforme
  • le type de colline

La Contre-Réforme

En effet, les communautés religieuses ont investi le secteur principalement au XVIIème  siècle. Nous sommes alors à la fin des Guerres de Religion. C’est alors le temps de la Contre-Réforme. Le clergé et le pouvoir royal tentent alors de donner une nouvelle impulsion au catholicisme. Leur but? La reconquête catholique et la lutte contre le protestantisme. La fondation de monastères à l’intérieur des villes entre pleinement dans cette perspective et elle est donc vivement encouragée. Problème: elle nécessité de vastes terrains.

Une colline moins raide et libre

Mais Lyon présente un grand intérêt en la matière! Lyon est alors densément peuplée. Mais les monastères sont peu nombreux: ils se concentrent au sud de Bellecour (Ainay) et sur les flancs de la colline de Fourvière. La colline de la Croix-Rousse présente alors quelques avantages: la pente y est moins raide qu’à Fourvière et surtout, nombre de terrains sont totalement libres! Enfin presque. Il y avait là des cultures: vignes, céréales, fruits et légumes.

Grâce à cela, nous voyons de nombreux monastères s’installer sur les pentes de la Croix-Rousse. A la fin du siècle, ils occuperont plus de 80% des pentes! 

Ces couvents restent de taille somme toute modeste, à l’exception des Chartreux : entre 1,5 et 7 hectares de manière générale. Et ces faibles superficies conduisent les différentes congrégations à ériger de manière générale leurs bâtiments au contact des voiries existantes. Ces bâtiments s’entourent de jardins, potagers, vergers, et pour les plus grands, de vignes et de cultures céréalières.

Qui sont les monastères de la Croix-Rousse?

Pour vous aider à repérer les différents monastères, voici une carte.

croix-rousse

Entre 1584 et 1700, dix grands monastères sont fondés sur les pentes de la Croix-Rousse.

Le monastère des Chartreux – 1580

Débutons par ceux qui occupent le terrain le plus vaste mais qui sont aussi les plus anciens: les Chartreux. On les voit donc s’installer dès 1580 sur une superficie de 23,8 hectares s’étendant de la Saône aux remparts de la Croix-Rousse. La propriété appartenait à la famille de la Giroflée depuis 1427. De plus, le monastère fut fondé par les Chartreux venus de la Grande Chartreuse, avec l’autorisation d’Henry III qui lui donna son nom et ses armes : « la fleur de lys sous la colombe aux ailes ouvertes et au bec plongeant ».  Le lycée des Chartreux actuel n’occupe qu’une partie de l’emplacement de l’ancienne Chartreuse.

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Le clos des Chartreux comprenait alors en son centre les bâtiments :

  • le Grand Cloître (disparu de nos jours, il se trouvait à l’emplacement de la place des Chartreux) avec ses 26 maisons ou cellules disposées tout autour,
  • le Petit  Cloître (encore partiellement visible à l’intérieur d’un collège),
  • l’église Saint Bruno,
  • et l’hôtellerie (belle grosse maison de style dauphinois qui domine toujours les Pentes).

Tout autour des bâtiments, la surface était plantée de beaucoup de vignes (le clos Jouve en faisait partie et le vin des Chartreux était, paraît il excellent !), d’un peu de céréales et de légumes.

Les Carmélites – 1616

Si vous regardez à la proximité immédiate des Chartreux, côté Est, vous verrez le monastère des Carmélites. Il fut créé de 1616 à 1647, sur un terrain de 4 hectares, par Jacqueline de Harlay, femme de Charles d’Halincourt de Villeroy Gouverneur de Lyon. Dans ce couvent, aussi appelé Notre Dame de la Compassion de Lyon, s’installèrent des Carmélites venues du monastère de l’Incarnation de Paris où la sœur de Jacqueline de Harlay était religieuse. D’après Clapasson dans « Description de la ville de Lyon » (1741), « cette maison est un monument remarquable et la piété et la magnificence de la maison Neuville de Villeroy en fait un des plus beaux monuments de la ville ».

Il ne reste hélas aujourd’hui, pas grand-chose du bâtiment si ce n’est une ancienne porte de la chapelle au n° 20 de la montée.

Les Oratoriens – 1616

Regardez le plan sur le côté Est, presque au bord du Rhône, se trouve le monastère des Oratoriens. Ils vinrent à Lyon en 1616. Ce sont, en fait, des disciples de saint Philippe Nery et de Berulle. Ils tirent d’ailleurs leur nom de la chapelle de l’Oratoire, où ils se réunissaient à Paris. Cette congrégation, préposée à la formation des prêtres, vint donc à Lyon pour répondre à l’invitation de Denis de Marquemont, archevêque de Lyon.  Par conséquent, les Oratoriens s’installèrent dans la maison de campagne des Capponi, sur les Pentes. La rue Capponi (rue de l’Amandolière au XIV°), entre  la rue Imbert Colomès et la rue des Tables Claudiennes, garde le souvenir de cette famille de banquiers florentins venue à Lyon à la Renaissance. Laurent Capponi qui avait épousé Hélène de Gadagne fut un bienfaiteur des pauvres mais aussi des Oratoriens. 

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On les garde aujourd’hui en mémoire car nous leur devons l’église Saint-Polycarpe. L’église est d’ailleurs aujourd’hui le seul vestige de ce monastère.

La rue Saint-Polycarpe qui mène à l’église, s’appelait encore, avant 1814, la rue de l’Oratoire.

Les sœurs de l’Annonciade -1624

A présent, regardez au sud des Carmélites. Vous découvrirez l’emplacement du monastère des sœurs de l’Annonciade. Ce monastère fut, en effet, fondé par madame Gabrielle de Gadagne, comtesse de Chevrière, en 1624. La propriété couvrait alors 1,31 hectare.

Rendez-vous au 26 montée des Carmélites et vous découvrirez une porte où figure l’inscription:  « Le premier monastère de l’Annonciade Céleste 1624 », visible ci-contre. Aujourd’hui, l’emplacement est occupé par le convent des religieuses Saint Charles. On raconte qu’à l’intérieur il existe encore des vestiges de la maison des soeurs de l’Annonciade, mais nous n’avons pas pu confirmer cette information. 

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Les Capucins du Petit Forez – 1627

Observez maintenant le plan au Sud-Est. Vous verrez alors le monastère des Capucins du petit Forez. Ils s’installent ici, en 1627, dans une propriété au pied de la colline Saint-Sébastien (ancien nom de la Croix-Rousse) et de la Grand’Côte.

Un premier couvent à Fourvière

En 1574, le frère Jérôme de Milan, Capucin (branche réformée des Franciscains) se rend à Lyon où il loge chez un compatriote, riche banquier. Ensemble, ils décident de construire un monastère pour les religieux. Ils choisissent alors d’acheter, avec l’aide de Guillaume de Gadagne, un premier terrain sur le coteau de Montauban, dans le quartier Saint-Paul.  Les Capucins s’installèrent donc sur les pentes de Fourvière, montée des Capucins (depuis 1854, elle porte le nom de montée des Carmes Déchaussés) : c’était « le grand couvent ».

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Le monastère de la Croix-Rousse

Mais la popularité du couvent entraina la nécessité de construire un second couvent.  Pour cela, André Coste, banquier génois, achète donc le terrain sur les pentes de la Croix-Rousse.

D’ailleurs, l’implantation du couvent est stratégique, au pied de la Grande-Côte, proche de la porte Saint-Marcel, sur une propriété appelée « le Petit Forez ». Parce qu’elle avait appartenu au XIV° siècle, au comte Jean de Forez (prononcez forêt!).

La fondation de ce deuxième monastère date donc de 1627. La reine d’Autriche assista d’ailleurs à la pose de la première pierre de l’église en 1635.

Le monastère comprenait une église, une chapelle, une bibliothèque de 4.000 ouvrages, un grand potager, une promenade, plusieurs fontaines et, des vignes. Actuellement, il subsiste du couvent, une partie du cloitre, au n°6 de la rue des Capucins.

D’autre part, les Capucins furent le grand secours des pauvres. Ils furent aussi, très dévoués, pendant la peste de 1628, 18 d’entre eux succombèrent au fléau. Et ce sont encore eux qui, jusqu’à la Révolution, faisaient office de pompiers : ils eurent les premières pompes et répondait aux alarmes de la population.

Les Bernardines – 1631

A présent, regardez le plan au nord de la position des Capucins. Vous y découvrirez l’emplacement du monastère des Bernardines. Peut-être fondé par une sœur de Saint-Bernard de Clairvaux, l’ordre des Bernardines s’implanta à Lyon en 1631. D’abord près du Gourguillon, puis rue du Garet et enfin, en 1642 sur les pentes de la Croix-Rousse.

Leur clos était relativement grand comme vous pouvez le constater sur le plan. Aujourd’hui, l’église Saint Bernard, construite en 1866, est désaffectée. Elle est située sur le terrain de ces religieuses auxquelles elle doit son nom.

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La Visitation Sainte Marie des Chaînes – 1640

Regardez à présent le plus à l’Ouest du plan. Vous découvrirez l’ensemble du clos de La Visitation Sainte-Marie-des-Chaînes. Le monastère fut fondé vers 1640 par Antoinette Guinet de Monfort. Après un séjour à la Visitation de Bellecour, il utilisa ses fonds propres pour créer ce monastère sur des terres achetées en 1641 et 1682. Ces terres appartenaient à Sieur Moreni, milanais d’origine et citoyen de Lyon. D’autre part, dans ce monastère vécurent en 1705, 63 religieuses, 3 sœurs tourières, 2 servantes et 4 valets. La propriété de 6,3 hectares comprenait, outre les bâtiments dont « subsistent » des restes aux « Subsistances », un jardin potager, des vignes, des vergers et des jardins.

Le Prieuré Saint Benoît – 1658

Observez maintenant au sud, au bord de la Saône. Vous observerez le prieuré Saint-Benoît situé vers l’actuelle rue qui porte son nom (anciennement rue Tuillière, car on y travaillait la glaise que l’on trouvait ici).

Le clos Saint-Benoit se trouve à l’angle des rues Saint-Benoit et de la Vieille, sous la place Rouville. On peut encore voir des restes importants du monastère à cet endroit. Sur la photo ci-contre, vous pouvez observer les vestiges des arcades du cloître.

Sur un terrain de 2,72 hectares, ce prieuré qui dépendait du Chapitre de Saint-Paul, était un couvent de Bénédictines venues de Blyes dans l’Ain, et installées ici en 1658. Le monastère est d’ailleurs inauguré le 13 juin 1664. Et elles y sont restées jusqu’à la révolution.

Quand elles sont parties, les bâtiments ont été récupérés pour en faire un entrepôt à vin. Puis en 1997, un éboulement a permis de mettre à jour les anciennes voûtes qui ont été rénovées.

Le monastère des Colinettes – 1661

Maintenant regardez au nord-est du plan. Vous découvrirez le site du monastère des Colinettes. En 1661, elles sont propriétaires d’une maison, d’un jardin, d’un verger et de vignes qui joutent le chemin allant de la place des Terreaux à la recluserie Saint-Sébastien (l’actuelle résidence Villemanzy).

Les Colinettes auraient pu tirer leur joli nom de leur situation géographique, mais en fait, ce nom vient de la famille de Coligny qui en 1661 avait subventionné l’achat de la maison Mamejean entourée de jardins et de vignes, pour l’installation de ces religieuses contemplatives de Sainte-Elisabeth dont le couvent était à Roanne (dans la Loire, 42). En 1669, la recluserie Saint-Sébastien qui dépendait d’Ainay est ensuite donnée aux Colinettes. La recluserie fut démolie à la Révolution, mais le monastère devint caserne puis, en 1859, annexe de l’hôpital Desgenettes sous le nom de Villemanzy. 

Les Ursulines – 1525

Enfin, portez votre regard au sud-est pour observer le monastère des Ursulines. Cette congrégation fondée en 1525 par Angèle Merici de Brescia (Italie) et destinée à l’éducation des jeunes filles, s’installa successivement dans plusieurs maisons des pentes à partir de 1612 :

  • entre la  grande et la petite rue des Feuillants,
  • puis 33 rue Vielle Monnaie (René Leynaud),
  • puis vers la future rue Coysevox.

Le jardin des Ursulines, planté de beaux arbres et arrosé par plusieurs sources, s’étendait alors de la rue Romarin à la place Croix-Paquet.

Les Monastères moins importants

Venons en à présent aux monastères de la Croix-Rousse les moins importants:

  • Le Séminaire Saint Irénée : la première pierre de ce séminaire  fut posée en 1677 sur un terrain en pente, de 2,50 hectares, situé à côté de la Croix Paquet.
  • Les Feuillants ou monastère Saint Charles: patron de leur bienfaiteur, Charles Neuville d’ Hallincourt, les Feuillants étaient une branche de l’ordre cistercien. L’abbaye cistercienne de Feuillant, située à 24 kilomètres de Toulouse, a donné son nom à ces moines. Ils viennent à Lyon en 1619. En 1621, ils construisent leur église, Saint-Charles, aujourd’hui démolie. La première pierre du vaste couvent des Feuillants situé au-dessus de la berge du Rhône, est posée le 30 mars 1663. Aujourd’hui seules les  Grande et Petite Rues des Feuillants rappellent ici le souvenir des moines.
  • Les  Pénitents noirs du Saint Crucifix: ils aidaient les Directeurs de la Charité à « procurer à de pauvres filles un établissement honnête et à placer en apprentissage des enfants sans ressources ».
  • La confrérie des Pénitents blancs de Notre Dame de Lorette : leur monastère fut fondé à Lyon en 1658. Ils portent le nom de Lorette près d’Ancône en Italie, où une légende de l’époque affirmait que la maison de la Vierge s’était transportée! Lors de la peste de 1582, les échevins avaient envoyé là-bas des émissaires pour prier Notre-Dame de Lorette et, bien sûr, la peste avait cessé ! Par la suite les lyonnais fondèrent, en 1658, l’association des Pénitents de Notre-Dame de Lorette et, en 1716, la confrérie construisit une église derrière le couvent des Feuillants. La rue de Lorette garde à cet endroit le souvenir des Pénitents.

La fin des monastères de la Croix-Rousse

Cette occupation religieuse des pentes de la Croix-Rousse perdure jusqu’à la Révolution. En effet, à cette époque, les monastères sont expropriés et leurs biens (terres, édifices) sont vendus comme Biens Nationaux. Cela entraîne alors le morcellement des clos qui seront ensuite majoritairement lotis par des propriétaires privés.

Leurs sorts sont très divers :

  • certains clos sont morcelés et vendus à des spéculateurs privés, et ce rapidement puisque le clos des Chartreux est morcelé dès septembre 1791, le clos des Augustins en avril 1791, le couvent des Carmes en novembre 1791. Ils constituent la première vague de ventes.
  • d’autres seront affectés à divers usages par la Nation, notamment utilisés par l’Armée, comme casernement. Mais ces affectations déplaisent aux Lyonnais, qui protestent. Ces bâtiments, étant une charge non négligeable pour la Nation, seront alors découpés en lots puis vendus à partir de 1796. Certains bâtiments seront rendus au culte – Saint-Polycarpe et Saint-Bruno, notamment – et enfin quelques uns confortés dans leur fonction de casernement, comme Sainte-Marie des Chaînes, les Colinettes et le Bon-Pasteur. 

Ainsi la disparition des monastères de la Croix-Rousse aura un impact non négligeable dans l’urbanisme et entraînera l’installation des Canuts à la Croix-Rousse.

Enquêtez au cœur de la Croix Rousse

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