|ZOOM SUR Renaud de Forez|

renaud de forez lyon

Renaud de Forez, au premier abord, son nom ne vous dira sans doute pas grand chose. Et pourtant il fut l'un des plus grands archevêques de la cathédrale Saint-Jean de Lyon. ZOOM SUR ce grand homme...

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D’où vient Renaud de Forez?

loire forez
Fraise&Basilic

Comme son nom l’indique, Renaud de Forez est originaire… du Forez! 

Ah et avant d’aller plus loin, veuillez prononcer « forêt » et surtout, par pitié, ne prononcez pas le « z »! Ou vous serez maudit sur 100 générations! Oui oui!

Alors, vous l’aurez compris en regardant la carte ci-contre, le Forez n’est pas à Lyon. Le Forez correspond à une large majorité de l’Ouest du département de la Loire. Car oui messieurs, dames, n’en déplaisent à certains, Lyon a appartenu un temps à la Loire (le département 42 hein!).

Mais alors c’est quoi cette histoire? Pourquoi? Comment? Et à quel moment Lyon s’est séparé du Forez? On vous raconte tout! Enfin tout ce qu’on sait!

Un homme de haute naissance

Si aujourd’hui on ignore la date de naissance de Renaud de Forez, on sait en revanche qu’il fait partie de la famille du comte de Forez. Suite aux péripéties avec l’archevêque de Lyon, ce dernier règne désormais depuis Montbrison (actuellement sous-préfecture de la Loire).

forez
Tombeau de Guy IV en la collégiale de Montbrison

Renaud est l’un des fils cadets du comte Guy II (1130-1206) et de son épouse Ermengarde Guillemette. Son père signe en 1173 le traité de la Permutation avec l’archevêque de Lyon, instituant officiellement la séparation de Lyon et du Forez.

Son frère aîné Guy III est né en 1160. Renaud est donc logiquement né après cette date. A une date également inconnue, mais sans doute dans sa jeunesse, son père l’envoie au chapitre de Lyon où Guichard de Pontigny est archevêque. Très vite, son petit frère, Humbert, le rejoint. 

Nous avons enfin une date: 1182. Renaud devient alors l’abbé de Saint-Just (l’une des plus anciennes et des plus puissantes églises de la ville jusqu’à sa destruction pendant les guerres de religion).  Si son frère aîné est né en 1160, même dans l’hypothèse où Renaud est né l’année suivante, il est alors dans sa vingtaine. 

Renaud, archevêque de Lyon

En 1193, il quitte sa charge d’abbé au profit de son frère, Humbert. En effet, l’archevêque, Jean Bellesmains démissionne et Renaud est pressenti pour lui succéder. Il s’agit là bien sûr d’un acte très politique qui permettrait d’aplanir une fois pour toutes les prétentions du comte de Forez sur Lyon. Mais cette nomination ne va pas se faire sans difficulté.

Peu avant sa démission, Jean Bellesmains signe un traité avec Guichard IV de Beaujeu. Or le comté de Forez est justement en conflit déclaré contre les Beaujeu. Ce traité renforce les positions de l’Eglise de Lyon dans le Nord du Lyonnais. Le jeune comte de Beaujeu semble, en réalité, avoir signé pour éviter de se retrouver diplomatiquement isolé.

Après la démission de Jean Bellesmains, pour choisir le nouvel archevêque, les chanoines de la cathédrale Saint-Jean adoptent le procédé du « Compromis ». L’ensemble du chapitre confie alors à un groupe restreint le choix du nouvel archevêque, « selon Dieu et selon leur conscience ». Leur choix se porte sur Renaud, mais il ne fait alors pas l’unanimité. D’ailleurs, l’un des membres du groupe restreint écrit aux autres : « Je veux bien qu’il soit élu, mais à condition que nous soyons absous du serment que nous avons fait au chapitre ; car en lui, il n’y a rien de Dieu ». Le chapitre absous l’opposant de son serment et Renaud est finalement élu. Mais le choix de procéder ainsi est traditionnellement le signe d’une division de l’assemblée. Il faut alors imaginer un climat de pressions particulièrement intense. Cette élection marque officiellement la réconciliation entre Lyon et le comté de Forez.

Renaud et la puissance de la primatiale

Si Renaud de Forez est incontestablement loyal à sa famille, il n’en demeure pas moins un politique et un militaire de tout premier plan qui saura prendre des décisions et les imposer.

Conflit avec les bourgeois lyonnais – 1208

Sous son épiscopat, les tensions avec les bourgeois de Lyon s’accroissent, notamment pour des raisons fiscales, et éclatent en 1208 en véritable conflit armé.

L’emprunt auprès des bourgeois en 1193

En effet, dès son élection, pour satisfaire ses ambitions seigneuriales, Renaud de Forez emprunte la forte somme de 20.000 sous forts aux bourgeois de la ville. En échange, il leur accorde plusieurs avantages :

  • suspension des taxes sur les marchandises.
  • limitations des sauf-conduits accordés à des malfaiteurs (euh on en parle?)
  • suspension des droits de mutation sur les achats de terres 
  • promesse d’acheter loyalement les denrées (là encore on en parle du fait que l’Eglise n’achetait pas loyalement des denrées?)
  • enfin, Renaud renonce définitivement à la taille sur les vignes.

Cet accord semble au bénéfice des bourgeois car il leur fournit un début d’émancipation, et de nombreux avantages qu’ils peuvent espérer conserver longtemps, si Renaud a des difficultés pour rembourser.

Début des tensions

Mais c’était trop beau. Ainsi quelques années après, Renaud tente de créer de nouvelles taxes et d’élever les restantes. Les bourgeois protestent et un premier accord est conclu en 1206. Cet accord est doublé d’une charte qui détaille les « coutumes » que chacun, et avant tout l’archevêque, se doit de respecter. Mais Renaud ne respecte visiblement pas ce premier accord.

1208 – la crise armée

Dès 1208, les Lyonnais s’associent par serment, lèvent des barricades et en appellent au pape Innocent III. Or ce dernier n’est pas satisfait de plusieurs actions de Renaud, notamment l’attaque et la prise par les armes de l’abbaye de Savigny et surtout sa prise de position dans le conflit pour la couronne impériale.

Le pape envoie donc trois émissaires chargés de régler la question, dont l’archevêque de Vienne Humbert et le duc de Bourgogne Eudes III. Ce dernier est particulièrement influent et impose à Renaud l’observance des contrats passés. En revanche, les libertés que les bourgeois se sont octroyées sur le plan politique (pouvoir se réunir en assemblée, prêter un serment de soutien mutuel, prendre les armes librement) sont rejetées par les émissaires.

Renaud, le constructeur

Revenons en 1193 au moment de l’élection de Renaud. Le nouvel archevêque bénéficie du solide renouveau économique de la ville et du prêt de 20.000 sous des bourgeois lyonnais. Renaud de Forez met cet argent à profit pour:

  • fortifier les frontières de son État 
  • achever « le Grand Cloître ».
  • creuser les « fossés de la Lanterne » barrant la presqu’île au niveau des Terreaux.
  • lancer la reconstruction du pont du Rhône écroulé au passage d’une troupe de croisés (1190). 

Puis après le conflit avec les bourgeois lyonnais, Renaud va plus loin. Il décide d’agrandir considérablement le château de Pierre Scize, pour se prémunir d’éventuelles actions violentes de la part des Lyonnais. Ces successeurs utiliseront également cette forteresse. Le château est édifié à l’entrée nord de la ville, sur une éminence rocheuse dominant la Saône et la route de Paris.

Pierre Scize lyon

Consolidation de la puissance épiscopale

Renaud de Forez acquiert plusieurs terres pour augmenter le patrimoine archiépiscopal, notamment à Anse, Ternand, Chazay, Lissieu, Givors, Condrieu et Yzeron. Il s’agit bien là d’une stratégie de défense de son comté au nord (Oingt, Anse) comme au sud (Condrieu ou Givors) ; mais également pour faire en sorte que la cité épiscopale soit davantage en sécurité (acquisition de possessions à Yzeron).

Dans cette optique de renforcer ses défenses, il entreprend de construire ou de rénover tout autour de Lyon des sites fortifiés, comme à Irigny et à Dardilly,. Il rénove également le château de Saint-Cyr-au-Mont-d’or pour compléter cette première ceinture proche de la cité. De plus, il entreprend l’édification ou le renforcement d’ouvrages défensifs plus éloignés : Anse, Condrieu, Rochefort, Saint-André-la-Côte, Givors et Yzeron.

Enfin, il mène plusieurs actions pour contraindre de petits seigneurs locaux à accepter pleinement son autorité, parfois même en leur accordant des privilèges qu’ils avaient pourtant refusé aux bourgeois lyonnais.

Renaud, l’organisateur : les chanoines-comtes

Renaud organise l’administration de son comté de Lyon en créant l’officialité (chancellerie) et en faisant lever un état des biens du comté.

Puis il partage le comté en manses (c’est-à-dire en petits domaines): chacune sera administrée par un chanoine du chapitre de la cathédrale Saint-Jean. C’est alors que les chanoines prennent le titre de « chanoines-comtes de Lyon »

Sceau de Renaud de Forez. Archevêque debout, de face, mitré, crossé, volute en dedans, et bénissant ; il porte le pallium.

Conflit avec l’abbaye de Savigny

D’autre part, la même politique de protection de son comté pousse Renaud de Forez à prendre les armes contre l’abbaye de Savigny, qui souhaite en effet s’allier contre lui avec le seigneur de Beaujeu. L’abbaye de Savigny se trouvait au nord-ouest de Lyon (il n’en reste que quelques rares ruines aujourd’hui).

Depuis sa fondation au X° siècle, Saivigny est l’une des quatre puissances régionales avec l’archevêque de Lyon, les comtes de Forez et les comtes de Beaujeu. Ces principales possessions sont depuis la Permutatio dans l’aire d’influence de l’archevêque. Au début de son épiscopat, Renaud conclut plusieurs actes aux côtés de l’abbé de Savigny et ne semble alors pas en conflit avec lui. Les débuts de leur opposition commencent avec l’octroie, par Philippe Auguste à Renaud, du dominium et des régales de l’abbaye en 1202. Jean Bellesmains avait également déjà revendiqué des droits sur l’abbaye. Devant les prétentions de l’archevêque, l’abbé Richard se tourne vers le comte de Beaujeu qui lui accorde le droit de fortifier le crêt de Popey, qui contrôle le chemin entre Lyon et Tarare. Cette alliance est complétée par des seigneurs locaux.

Renaud réagit aussitôt, refusant qu’un seigneur aussi puissant se place dans la protection d’un adversaire. Il dévaste des villages tels L’Arbresle, Montrottier ou Sain-Bel, prend l’abbaye elle-même et impose un accord. Oui, oui vous avez bien lu. Cela ne posait aucun problème à l’époque qu’un homme du clergé prenne les armes et détruisent des villages.

L’accord est signé en 1204, scellant le départ de l’abbé. Les moines restants n’ont d’autres choix que de reconnaître l’autorité de l’archevêque.

Tutorat de Guy IV du Forez – 1203-1218

Il est évident jusque là que Renaud de Forez ne chôme pas. C’est un archevêque très actif et dynamique. Mais des événements familiaux vont lui voir incomber une nouvelle mission: être le tuteur de son neveu et le protecteur du Forez.

Comte de Forez et archevêque de Lyon

En effet, avant de partir pour la quatrième croisade, le comte Guy III de Forez confie la tutelle de ses filles et de son fils Guy IV (1199-1241) âgé de 4 ans, à son frère cadet: Renaud. Dès décembre 1203, Renaud signe et prend des décisions en tant que tuteur de l’héritier du comté. À la suite de la mort de Guy III en Terre sainte en 1204, Renaud doit poursuivre sa mission jusqu’à la majorité de son neveu, en 1218. De fait, Renaud cumule les fonctions d’archevêque et de comte de Forez entre 1203 et 1218. Et il va mener une véritable politique seigneuriale. Pour la toute dernière fois, le Forez et le Lyonnais se trouvaient administrer sous une même autorité.

Protéger le Forez

Durant cette tutelle, qui dure donc plus de dix ans, Renaud fait tout pour préserver le comté du Forez des ambitions du comte de Beaujeu. Il mène ainsi de complexes négociations qui, appuyées par le roi de France Philippe Auguste, aboutissent à une paix en deux temps, avec un premier traité établi en 1208 et un second en 1222. À la suite de ce deuxième accord, Renaud récupère les fiefs des Beaujeu en Lyonnais. De même, il obtient, après cette affaire, de la part du roi de France, les droits du péage de Givors. Ce retour d’alliance est scellé définitivement lors de la guerre contre l’Auvergne, auquel participe personnellement Renaud de Forez.

Dès 1215, le jeune Guy, alors âgé de 14 ans, commence à apparaître au côté de son oncle sur les actes officiels. En 1218, Guy IV prend son indépendance mais Renaud continue de l’assister. Ainsi, lors de plusieurs actes signés par Guy IV, Renaud est présent pour les sceller, comme lorsque les seigneurs du comté de Mâcon cèdent, en signe de paix, des terres à Guy IV, en 1220.

Décès de Renaud

Après avoir rédigé son testament le 16 octobre 1226, Renaud meurt à Lyon la même année et est enterré en l’église Saint-Irénée, dans l’ancienne sépulture des Comtes de Forez. Son testament révèle une grande richesse, bien plus importante que celle des archevêques qui l’ont précédé.

Il lègue 100 marcs de Lyon à Saint-Just, 4.000 sous forts à Ainay, 200 livres fortes à Savigny. Il est également le seul archevêque lyonnais à léguer en monnaie lyonnaise. Par la suite, les archevêques n’utilisent plus que la monnaie royale.

Son long règne, plus de 33 ans, et son intense activité explique qu’aucun autre archevêque n’ait autant de mention dans les obituaires de son diocèse (registre des morts). Par ailleurs, l’obituaire de la cathédrale Saint-Jean lui consacre une notice d’une longueur exceptionnelle.

Après son décès, les liens entre l’archevêché lyonnais et le comté de Forez se distendent fortement. Les archevêques ne participent plus à aucun accord officiel majeur, même dans des cas où leur présence aurait été logique. Avec Renaud, s’arrête donc la longue histoire qui unifiait Lyon et le Forez. Pourtant, la famille comtale aura encore de grandes heures à vivre à Lyon…

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