René Leynaud... aujourd'hui son nom est presque inconnu. Pourtant cet homme participa à protéger et libérer la France. Alors en famille, pour un EVJF/EVG ou pendant un team building, participez à notre escape game pour enquêter à ses côtés! Zoom sur un grand Résistant!
Qui était René Leynaud?
Débutons par un fait simple: René Leynaud était un Lyonnais. En effet, il est né le 24 août 1910 à Vaise (quartier de Lyon, 5e arrondissement). Son père décède alors qu’il n’a que 3 ans. René et sa famille s’installent alors 6 rue de la Vieille Monnaie (aujourd’hui rue René Leynaud) dans le 1er arrondissement de Lyon, c’est-à-dire les pentes de la Croix-Rousse. René Leynaud suit des études de droit. Et pour les financer, il travaille comme pigiste au journal « le Progrès », de Lyon, à partir de 1933. Féru de poésie et de culture allemande, il devient donc journaliste.
René et les débuts de la Deuxième Guerre
Passons quelques années pour arriver à la guerre. René est mobilisé en 1939. Il se retrouve donc sur le front, d’abord en Lorraine, puis en Belgique. Ensuite, il est pris au piège dans la poche de Dunkerque. Alors que son unité est disloquée, il réussit à gagner l’Angleterre sur une embarcation de fortune avec quelques personnes du Génie français. Ils frôlent pourtant le naufrage et mettent 22 heures pour rallier Plymouth. Nous sommes ensuite face à quelques zones floues: on pense qu’il est alors renvoyé au combat en France. Il se trouve ensuite “à Agen, exténué et malade” (suivant les confidences de son épouse à Albert Camus) au moment de l’armistice de juin 1940.
Nous savons qu’une fois la paix revenue, il est démobilisé. Il reprend alors son métier de journaliste au Progrès de Lyon. Puis le 24 décembre 1940, il épouse Ellen Lothammer. Le couple a bientôt un garçon : Pierre Leynaud.
D’autre part, au sein de l’équipe du Progrès de Lyon, René Leynaud côtoie des journalistes et des gens de lettres, futurs cadres de la Résistance : Georges Altmann, Marcel Rivière, Rémy Roure, Yves Farge, Pierre Corval. Mais le journal, soumis à la censure de Vichy, entretient des relations ambivalentes avec le régime pétainiste.
L’engagement dans la Résistance
De ce moment date l’engagement plein de René Leynaud dans le mouvement Combat. Il en devient d’ailleurs l’un des principaux responsables dans la région lyonnaise (sous le pseudonyme Clair). On le nomme à la tête des services de renseignements. Il prend également en charge la direction locale du “comité national des journalistes clandestins”.
Leynaud participe à la rédaction, à l’impression et à la diffusion du journal Combat ainsi qu’ à celles d’autres feuilles clandestines (Témoignage Chrétien, Défense de la France, La Marseillaise, les cahiers de Témoignage chrétien…). Ces journaux s’impriment le plus souvent dans des imprimeries de la région lyonnaise qui bénéficiaient d’une couverture officielle. Combat fut bientôt édité avec un tirage important sur les presses d’une imprimerie clandestine installée rue Viala dans les locaux du très officiel “Bureau de recherches géodésiques”.
L’amitié avec Camus
René Leynaud dispose d’une chambre au 6, rue de la Vieille monnaie. Il y abrite ses camarades de la Résistance de passage à Lyon. Il fait ainsi la connaissance d’Albert Camus, affilié lui aussi à Combat. Un goût partagé pour la littérature, des origines sociales populaires communes, en font des amis proches. Dans les rendez-vous clandestins du mouvement Combat, Camus et Leynaud se retrouvent souvent à Lyon, à Saint-Étienne, à Paris.
“La dernière fois que je l’ai vu”, nota Albert Camus en 1947, “c’était à Paris, au printemps de 1944. Nous n’avons jamais été plus près l’un de l’autre qu’au cours de cette dernière rencontre. Nous nous étions retrouvés dans un restaurant de la rue Saint-Benoit et ensuite, le long des quais et par une merveilleuse journée, nous avions longtemps parlé de l’avenir”.
René Leynaud compte également dans le cercle de ses amis un poète qui logeait dans la clandestinité chez sa sœur Louise à Lyon : Francis Ponge.
L’arrestation
Tout bascule le 16 mai 1944. En fin de journée, la Milice contrôle René Leynaud, place Bellecour. Il portait de documents compromettants. La Milice l’avait repéré dans l’après-midi alors qu’il relevait une boite aux lettres de la Résistance, passage de l’Argue. Il tenta de s’enfuir. Un tir des miliciens le blessa à une jambe. Capturé, conduit au siège de la Milice, puis à l’Hôtel-Dieu, il fut rapidement transféré à Montluc (une tentative de ses camarades pour le faire évader de l’Hôtel-Dieu, ne put aboutir).
L’exécution
Dans la matinée du 13 juin 1944, les Allemands prélevèrent 19 prisonniers de Montluc, choisis parmi ceux qu’ils pensaient être les plus responsables de la Résistance. René Leynaud en était. Embarqués dans un convoi de camions bâchés, les prisonniers furent conduits d’abord place Bellecour au siège de la kommandatur, puis le convoi se rendit dans les Dombes, dans le département de l’Ain. Il emprunta la route reliant le village de Villeneuve à celui de Saint-Trivier-sur-Moignans. Au lieu dit “Boye” (commune de Villeneuve), en bordure d’une forêt de peupliers, ils firent descendre leurs prisonniers par groupes de six et les mitraillèrent dans le dos. René avait 34 ans.
L’un d’entre-eux, Jacques Thoinet (19 juin 1924-2 mai 1981), 19 ans, gravement blessé, survécut. Il échappa au coup de grâce, fut recueilli et soigné par un cultivateur voisin du lieu d’exécution. Il n’eut de cesse de témoigner sur le martyre de ses camarades, en particulier sur celui de René Leynaud qui était à ses côtés dans le convoi allemand. Les 18 morts de la fusillade, dont les corps furent abandonnés sur les lieux du massacre ne furent pas immédiatement identifiés. René Leynaud fut reconnu parmi les victimes de la tuerie le 24 octobre 1944. Son décès fut enregistré à la mairie de Villeneuve le 30 octobre 1944.
Les obsèques de René Leynaud furent organisées en l’église Saint-Polycarpe de Lyon le 4 novembre 1944 en présence du général De Gaulle. Il plaça sur son cercueil la Croix de guerre et la Croix de la Résistance. Le 26 août 1945, un monument fut érigé sur les lieux du massacre.
Postérité
Le nom de René Leynaud fut inscrit au Panthéon de Paris dans la liste des “écrivains morts au Champ d’honneur”.
L’hommage de Camus
L’exécution de Leynaud sera pour Camus une des plus tragiques pertes de sa vie : « Jamais la mort d’un homme n’a retenti à ce point en moi. (…) Avec lui, j’y voyais plus clair et sa mort, loin de me rendre meilleur, comme il est dit dans les livres consolants, a rendu ma révolte plus aveugle. » Camus ne laisse que peu d’écrits au sujet de Leynaud, refusant d’utiliser sa mémoire : « nous ne nous servirons pas de lui qui ne s’est servi de personne. (…) Nous lui garderons ce qu’il aurait préféré, le silence de notre cœur, le souvenir attentif et l’affreuse tristesse irréparable ». Albert Camus lui rendit hommage dans Combat. En 1945, il dédia son œuvre “Lettres à un ami allemand” à “son ami René Leynaud”.
Les publications posthumes
René Leynaud n’avait jamais publié ses textes poétiques. Sa veuve, Ellen Leynaud, confie à ses amis les cahiers et les brouillons qu’elle retrouve. Francis Ponge effectue un choix et un classement des textes qui furent édités par Gallimard en mars 1947 sous le titre “Poésies posthumes”. Albert Camus en écrit la préface.
Ellen Leynaud retrouva dans les papiers de son mari un autre texte poétique qu’elle confia à un éditeur, Armand Henneuse (Les Ecrivains réunis), lui demandant un tirage de luxe, mais confidentiel (40 exemplaires) qu’elle réserva au cercle des amis du poète. “Le Poème inachevé” parut en décembre 1947, imprimé par Audin à Lyon.
L’hommage de la Ville
Le 9 juillet 1945, la municipalité de Lyon prit la décision de renommer la rue de la Vieille monnaie rue René Leynaud. On pose également une plaque commémorative le 2 mars 2016 au n°6 où il habitait.
Le Mémorial de la prison de Montluc, ouvert en 2010, présente le portrait de René Leynaud et une brève biographie dans la cellule où il fut détenu. Dans le cadre du Printemps des poètes, à l’initiative de l’association de poésie Pandora et de la bibliothèque municipale de Lyon-La Part-dieu, avec le soutien de la DRAC, un prix René Leynaud fut créé à Lyon en 2015, attribué à “un ouvrage de poésie contemporaine, porteur d’un souffle de Résistance” (premier lauréat : Thomas Vinau pour son recueil “Bleu de Travail” remis au cours d’une cérémonie au CHRD de Lyon).
La traboule René Leynaud
Derrière le 6 rue Leynaud, se cache la traboule qui mène au 5 rue des Capucins. Cette traboule permet d’accéder à deux petites cours. Les immeubles entourant les cours datent du XIXème siècle et sont typique du monde des Canuts : à partir de 1815, les travailleurs de la soie s’installent principalement sur la colline de la Croix-Rousse. Ici résonnait donc le son du métier à tisser : LE FAMEUX BISTANCLAQUE-PAN !
Enquêtez aux côtés de René Leynaud
Son histoire vous a plu? Envie d’enquêter à ses côtés? En Team Building, en EVJF ou en famille, venez participer à notre game of code « le Mot de Passe »! Basé sur le principe de l’escape game outdoor, il vous faudra échapper à la Gestapo!