Les funiculaires… inventions merveilleuses permettant de monter à Fourvière ou à la Croix-Rousse sans effort! ZOOM SUR cette innovation bien maîtrisée à Lyon.
Enquêtez sur la colline de Fourvière ou sur la colline de la Croix-Rousse pour découvrir les funiculaires en famille, entre ami.e.s pour un EVJF/EVG ou entre collègues pour un team building.
Funiculaire ou Ficelle?
A Lyon, un autre nom désigne nos funiculaires: les ficelles. Mais pourquoi? Et bien, il semblerait que ce nom apparaisse très rapidement après l’implantation des funiculaires à Lyon. Pour le comprendre, nous devons comprendre ce qu’est un funiculaire. Voyez vous, il s’agit d’une remontée mécanique équipée de véhicules circulant sur des rails en pente et dont la traction est assurée par un long câble (funiculum en latin) formé de fils de fer enroulés autour d’autres fils en acier, tordus ensemble et recouvert de chanvre enduit de suif et de goudron. Ce serait donc ce long câble qui lui vaudrait ce surnom de ficelle.
Aujourd’hui, nous ne pouvons emprunter que deux funiculaires: le F1 qui relie Saint-Jean/Vieux Lyon à Saint-Just et le F2 qui relie Saint-Jean/Vieux-Lyon à la basilique de Fourvière. De plus, le métro C entre l’Hôtel de Ville et la Croix-Rousse est installé sur la voie d’un ancien funiculaire.
Mais au début du XX° siècle, Lyon vous proposait pas moins de 5 funiculaires. Deux sur la colline de la Croix-Rousse et 3 pour la colline de Fourvière. Remontons donc le temps pour découvrir ces funiculaires.
Les Funiculaires Disparus
Commençons par les funiculaires qui ont aujourd’hui disparu. Et débutons sur la colline de la Croix-Rousse.
Le funiculaire de la rue Terme: une première mondiale
Allons y sur une petite fierté locale: le premier funiculaire urbain du monde est créé en 1862 à Lyon entre la Presqu’île et la Croix-Rousse. Et il s’agit du funiculaire de la rue Terme
Ce premier funiculaire accueille ses premiers voyageurs le 3 juin 1862.
Pourquoi un funiculaire?
A son origine, se trouve le besoin d’améliorer les conditions de transport des Canuts et des soieries produites dans les ateliers croix-roussiens vers les négociants et les clients. En effet, si les ateliers de création sont sur les pentes, les vendeurs et acheteurs sont eux sur la Presqu’île. De plus, les soies sont particulièrement fragiles. Le funiculaire permet de limiter les risques météorologiques et les risques de chute dans les traboules des immeubles de la Croix-Rousse.
Mise en oeuvre du funiculaire
Nous avons trace des premières études de ce funiculaire en 1841. Mais les travaux ne débutent qu’en 1859. Ils suscitent pourtant un vif intérêt. Même, l’empereur Napoléon III se déplace pour visiter le chantier de ce nouveau moyen de transport.
D’une longueur de 485 m avec une pente de 16%, ce premier funiculaire propose 20 départs par heure avec une large amplitude de 5h30 à 23h. Le temps de parcours dure 3 minutes. Les voitures proposaient 320 places. Dès son inauguration, le 3 juin 1862, le succès est immédiat et conséquent. On dénombre 2 millions de passagers dès 1863 et 4 millions en 1880.
Pourtant, un siècle plus tard, l’histoire n’est plus la même voyez-vous. Dans les années 1960, on commence à se poser des questions sur l’avenir de ce tout premier funiculaire. En effet, la fréquentation est en baisse et les infrastructures ont besoin d’être changées. Sur décision de l’Etat, la ligne effectue donc son dernier trajet le 31 décembre 1967.
Sa voie est aujourd’hui occupée par une voie routière à sens unique au sein d’un tunnel qui permet d’accéder du bas des pentes au plateau en seulement quelques minutes !
Le funiculaire de Croix Paquet- actuel métro C
A présent, découvrons le deuxième funiculaire de la Croix-Rousse. Celui qui a été reconverti en métro C.
Voyez-vous le succès (commercial) du premier funiculaire, de la rue Terme attise les convoitises. En 1887, un certain Monsieur Poy demande donc la concession d’un autre funiculaire, qui relierait la Place Croix Paquet à l’angle de la rue Vaucanson et du Boulevard de la Croix Rousse. Il l’obtient. Et les travaux seront rapides puisque la ligne transporte ses premiers voyageurs le 12 avril 1891. Il aura fallu seulement 3 ans et 2,3 millions de francs pour la construction, l’installations et les matériels. Sur la carte postale ci-dessous, vous pouvez observer la gare du funiculaire à Croix Paquet
Un chantier court mais une grosse découverte
Même si le chantier ne dura que 3 ans, il ne fut pas sans peine. Loin s’en faut! En effet, la compagnie qui gérait le premier funiculaire essaya de leur mettre des bâtons dans les roues. Enfin sur le câble! Mais en plus de cela, les ouvriers tombèrent sur un os. Enfin sur un caillou. Un Gros Caillou!
Et oui c’est à cette occasion que fut découvert le célèbre Gros Caillou de la Croix-Rousse!
Des funiculaires concurrents
Les deux funiculaires se font alors concurrence. N’étant pas géré par les mêmes structures, ils régissent donc leur tarif à leur guise. Le deuxième ne coûte qu’un sou alors le premier en coûte 2.
Mais cette concurrence leur fait du tort et la compagnie OTL en profite. Elle rachète en 1905 le funiculaire de la rue Terme, puis celui de Croix-Paquet en 1912.
Un funiculaire tristement célèbre
D’autre part, le funiculaire Croix-Paquet a aussi été rendu célèbre pour un évènement tragique. Evènement qui est narré par une plaque à l’angle du boulevard de la Croix Rousse et de la rue Vaucanson, à l’endroit où arrivait donc le funiculaire. Cette plaque nous apprend que Jean Moulin l’a emprunté pour aller à son rendez-vous le 21 juin 1943 à la maison du docteur Goujon à Caluire où il a été arrêté avec ses compagnons par la Gestapo. C’est donc dans ce funiculaire qu’il passa ces derniers instants d’homme libre.
Les mêmes difficultés que son aîné
Dans les années 1960, les mêmes problèmes qui touchent le funiculaire Terme touchent le funiculaire Croix Paquet. La fréquentation baisse, la concurrence d’autres modes de transports en commun augmente, les installations sont vétustes. En 1971, on décide donc de moderniser la rame: on change les rails du chemin de fer pour un chemin à crémaillère. Mais ses efforts seront vains: la ficelle s’arrêtera définitivement en 1972.
La ligne est convertie et prolongée de haut (Place Croix-Rousse) en bas (place des Terreaux) afin de l’incorporer au nouveau réseau de métro, le 2 mai 1978. Elle devient alors le métro C actuel.
Le funiculaire Saint Paul
Allez, à présent partons sur la colline de Fourvière et découvrons pour commencer le seul des 3 funiculaires reliant le Vieux Lyon à Fourvière qui n’existe plus aujourd’hui: le funiculaire Saint-Paul.
Vous l’aurez compris, au vu de son nom, ce funiculaire débutait dans le quartier…. (roulement de tambour) Saint-Paul! Le quartier nord du Vieux Lyon. C’est aussi, historiquement, le dernier des 5 funiculaires lyonnais, à voir le jour. Et c’est celui qui aura la durée d’exploitation la plus courte. Il ouvre ainsi en 1900 et ferme en 1937. Sa destination? le cimetière de Loyasse. Même si la population du cimetière est importante, elle n’est guère voyageuse. Tout au plus, le funiculaire permet aux vivants d’aller visiter les morts, mais permet également d’attacher les cercueils à l’arrière du funiculaire pour les transporter comme de simples marchandises jusqu’à leur dernière demeure.
De plus, la réalisation des travaux sur une pente à 24% fut particulièrement compliquée. Ce funiculaire ouvre donc le 6 décembre 1900, soit trois mois après l’ouverture de la ligne Saint-Jean-Fourvière. Par ailleurs, le creusement de la colline a ébranlé plusieurs immeubles et de coûteux travaux de consolidation doivent être réalisés.
En 1908, c’est donc la compagnie OTL (oui oui la même que les funiculaires de la Croix-Rousse) rachète le funiculaire de Saint-Paul. La ligne reste ouvert jusqu’au début de l’année 1938. Elle sera utilisée encore quelques fois à l’occasion de la Toussaint (et oui il fallait bien aller visiter les morts de Loyasse) en 1939, 1940 et 1942. Toutes les installations seront totalement démontées l’année 1952.
Toutefois, si vous vous promenez au bout de la rue Juiverie, à l’angle de la gare saint-Paul, vous pourrez encore voir la gare de départ que nous vous montrons sur la photo ci-dessous.
Les Funiculaires Actuels
A ce stade de notre ZOOM SUR, il nous reste à vous présenter les deux funiculaires encore en fonctionnement: le F1 et le F2 entre le Vieux Lyon et Fourvière.
Le funiculaire Saint-Just – Le F1
Commençons par le F1. Historiquement, c’est le deuxième funiculaire à être mis en fonctionnement à Lyon. Après celui de la rue Terme sur la colline de la Croix-Rousse, l’idée arrive rapidement d’avoir le même moyen de locomotion pour la colline de Fourvière. Et il entre donc en fonctionnement le 08 août 1878 entre le quartier Saint-Jean du Vieux Lyon et Saint-Just sur la colline de Fourvière. De plus, c’est la compagnie des « Chemins de fer de Fourvière et de l’Ouest lyonnais » (FOL) qui l’exploite.
A présent découvrons quelques éléments techniques. Ce funiculaire présente un tunnel à deux pentes (18% en bas, 9% en haut). Du coup, pour équilibrer les convois, on met en place un système complexe de « wagon compensateur » remorqué de loin par la voiture située en bas de la pente.
Puis en 1901, le funiculaire est converti en crémaillère avec l’idée d’y faire descendre les tramways de banlieue mais divers échecs lors de différents essais n’ont jamais permis de faire aboutir ce projet. La crémaillère reste néanmoins en place, avec ses pittoresques trucks automoteurs, jusqu’en 1958, date où elle est remplacée par un funiculaire plus moderne.
Le funiculaire de Fourvière – le F2
Allez venons en à présent à notre dernier funiculaire, mais non des moindres: le F2 qui relie Saint-Jean/Vieux Lyon à la basilique de Fourvière. Très vite après l’ouverture du funiculaire Saint-Just, la FOL qui le gère se rend compte d’un réel problème pour les voyageurs: la basilique est très mal desservie. D’où la demande de la FOL de créer un embranchement entre la gare des Minimes et Fourvière. Mais finalement, le projet est modifié pour créer un funiculaire à part entière. Ainsi, le 6 septembre 1900, la FOL inaugure cette nouvelle ligne en pente de 30%, reliant Saint-Jean à Fourvière et dotée d’une gare haute souterraine.
En 1970, ce funiculaire est entièrement modernisée : la voie, les cabines et la machinerie sont changées.
L’évolution des funiculaires F1 et F2
Nos deux funiculaires sont à nouveau modernisés ensemble entre 1985 et 1988, avec des changement de voie, de machineries, de rames et la reconstruction des terminus. A cette occasion, on va également raccourcir légèrement le trajet du F1. De plus, le pont métallique sur la rue Tramassac qui permet aux 2 funiculaires de sortir de leur station Vieux Lyon est entièrement reconstruit. Enfin, le fonctionnement des installations est automatisé.
Mais pourquoi tous ces changements ? Et bien pour permettre l’arrivée du métro D à Saint-Jean.
De plus, le 29 août 2011, les funiculaires changent de nom. Celui de Saint-Just devient le F1 et celui de Fourvière le F2. Depuis, les funiculaires sont régulièrement l’objet de travaux d’entretien sur les voies mais aussi sur le matériel. L’un des plus marquants est celui de 2018: les rames sont revenues avec un tout nouveau look.
Visiter Lyon avec la ficelle
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